I am a dancing queen

Cette histoire débute tout début février, lorsque je découvre l’annonce ci-dessus sur les réseaux sociaux.
La suite de cet article est une version traduite en français, et un peu rallongée, d’une candidature que j’ai vraiment envoyée.
 
Je m’appelle A, j’ai 31 ans, et je vis à Strasbourg en France, après quelques années de vadrouille, et notamment l’année 2016-2017 où j’ai découvert Cork.
J’ai pratiqué divers sports dès très jeune, d’abord les arts martiaux, puis d’autres sports individuels, ainsi que des expériences de théâtre, toujours dans des groupes en inclusion avec des personnes valides. (Et quand je dis « en inclusion », c’est-à-dire que j’étais le seul participant ouvrtement handicapé).
Quand j’ai découvert et commencé à jouer en handisport (basket fauteuil puis rugby fauteuil), j’ai ressenti une immense joie et un intense soulagement. Evoluer enfin dans un groupe où je n’ai plus à adapter les exercices et les façons de bouger en temps réel, puisque la discipline a été créée pour les personnes qui bougent comme je bouge.
La pratique sportive a été pour moi une porte d’entrée dans la culture handie, et j’ai poursuivi mes découvertes en m’intéressant davantage aux disability arts. Je considère que ma politisation en tant que personne handie doit énormément à des personnes comme Bill Shannon ou encore Mat Fraser.

Depuis 2021, je fais partie d’un atelier d’impro en danse contemporaine. Je prends beaucoup de plaisir à danser toutes les semaines avec ce groupe. J’ai retrouvé dans la danse à la fois les choses que j’apprécie au théâtre, la créativité et les dynamiques collectives, et à la fois l’intensité physique qui me plait dans le sport.
Par contre, je danse « sans technique », et je sens que cela commence à me manquer. Lorsque je recherche des infos ou des groupes avec plus d’apports techniques, je me retrouve rapidement confronté à l’inaccessibilité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué en général. Et je me retrouve comme dans ma pratique sportive, forcé de trouver tout seul des adaptations sur le moment, alors même que je suis débutant, tout ça pour essayer de reproduire des mouvements qui n’ont pas été pensés pour des corps comme le mien.
J’ai soif d’apprendre auprès de danseureuses expérimentés qui pourraient me guider, et partager comment iels s’y prennent, ce qu’iels ont vu ou essayé. Que lorsqu’une question se pose pour la première fois, on se dise que les adaptations et les alternatives font pleinement partie du processus créatif. Que cette recherche ne soit pas synonyme de « résoudre un problème », mais une occasion d’apprendre pour tou.te.s les danseureuses, handi.e.s ou valides.

J’ai pratiqué plusieurs sports en fauteuil, dans ma vie quotidienne j’utilise aussi régulièrement un fauteuil roulant. Mais jusqu’à présent je n’ai jamais eu l’occasion de l’utiliser dans ma pratique artistique, en théâtre ou en danse. Pourtant, j’aimerai vraiment pouvoir intégrer cet aspect « amphibie » de mon identité à ma pratique. Pour le moment, je trouve ça assez difficile, compte tenu du manque de connaissances (les miennes et celles des danseureuses qui m’entourent) et d’idées sur ce qu’un danseur en fauteuil peut ammener comme nouvelles possibilités sur scène.
J’ai aussi envie d’apprendre pour pouvoir, demain, pratiquer, essaimer, jouer, enseigner… la danse inclusive là où je suis.

En tant que personne qui se déplace régulièrement mais pas exclusivement en fauteuil roulant, et d’après mes expériences sportives et artistiques, je trouve que c’est très compliqué de trouver des groupes (de facto, des groupes en non mixité valide) où je puisse réellement participer et m’épanouir. Et quand je dis « participer », ce n’est pas « être présent et essayer de suivre les consignes comme si j’étais valide (puisque je ne le suis pas) » mais avoir ma place, avec la prémice « c’est super que tu bouges comme ça ! comment va-t-on s’en servir créativement, collectivement ? »
J’en ai marre d’être « assez valide » pour accéder à certains lieux ou certains espaces, et même là, de devoir laisser à la porte (ou en bas des marches) un aspect important de mon identité.

Voilà les raisons qui m’ont poussé à proposer ma candidature, comme Croi Glan semble justement être un espace où il est possible d’essayer de nouvelles choses, de faire des expériences, et de travailler avec des personnes qui partagent la conviction qu’un corps qui s’écarte des nomes est une opportunité créative et pas un problème à résoudre.

 En pratique : je vis actuellement en France. Bien que je n’occupe plus un emploi à temps plein, je participe encore à certains projets, pour lesquels ma présence à Strasbourg sur certaines semaines (jusqu’à septembre) est indispensable.
Je suis prêt à voyager à Cork entre temps, avant d’éventuellement m’y installer, mais même dans ce cas ça serait après septembre.

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