Les championnats du monde de para athlétisme

Au début du mois, entre le 8 juillet et le 17 juillet, se déroulaient à Paris les championnats du monde de para athlétisme, au stade Charléty à Paris.
Cela fait quelques années qu’un Open d’athlétisme handisport est organisé annuellement au stade Charléty, généralement plutôt vers les mois de mai-juin.
Je suis allé assister à l’une des demie-journées de compétition, samedi 15 juillet, sur le chemin du retour après quelques jours à découvrir Amsterdam avec mon adelphe.
Pour la 2e fois de ma vie de public, j’ai payé pour voir une compétition handisport.
Je ne suis pas resté assez longtemps pour assister à une remise de médailles, donc je ne sais pas quel a été le vocabulaire utilisé par les commentateurs lors des levés de drapeaux et les hymnes, je ne sais pas si je me serais senti « accueilli » comme en d’autres occasions.

Je suis resté assez longtemps par contre (ou plutôt, je suis venu juste au bon moment) pour voir une médaille française, au saut en longueur T37. Puis en rentrant chez moi, je suis allé voir les résultats globaux de la compétition.
Où suis-je allé les voir ? J’ai commencé par le site de France TV Sports, où il n’y avait rien du tout. Et je m’apprêtais donc à vous re-dire pour la énième fois à quel point la non-médiatisation de nos sports et de nos compétitions me sort par les yeux. Il s’agit des championnats du monde (pas d’Europe, pas de France… du monde.) de para athlétisme. (Athlétisme. Pas boccia, pas volley assis, pas tir à l’arc.) La discipline sportive qui comptabilise le plus de concours et donc de médailles aux Jeux Paralympiques.
C’est la deuxième plus grande compétition paralympique internationale juste après les Jeux, qualifié donc de « grand évènement sportif international » (GESI).
Et rien sur France TV Sports ? Sur la télévision publique ? A un an des Jeux Paralympiques qui se tiendront à Paris ?
Heureusement, il y a quand même quelques trucs qui évoluent : S’il n’y avait rien sur France TV, c’est que toute la compétition était retransmise sur la chaine TV de l’Equipe, on peut d’ailleurs y voir les replays. Ils ont sans doutes payé pour avoir l’exclusivité. (Pour les vidéos, hein. Pas d’excuses pour le silence de la presse écrite).

Sur l’Equipe aussi, plusieurs articles au fil des jours, qui suivent à la fois le parcours des tricolores (très maigre, on y reviendra) mais aussi des articles plus généraux pour faire découvrir la discipline, ses épreuves, ses enjeux.
Parlons un peu des enjeux, justement. Peut être que d’autres médias que les journaux sportifs auraient parlé un peu plus de ces championnats (sous forme de brèves ou de dépêches AFP) si les français avaient remporté un peu plus de médailles et de titres lors de ces mondiaux.
La moisson est maigre : 4 médailles (toutes en bronze), et 9 qualifications pour les jeux Paralympiques. 58e nation au classement des médailles. Pour le prochain hôte des Jeux, on a connu plus brillant.
Sachant que les français avaient remporté 8 médailles en athlétisme aux Jeux de Tokyo. Vu le nombre de qualifiés, il est assez probable que les résultats de Paris 2024 ne soient pas meilleurs.
Mais ce qui est intéressant et que pointe l’article du Monde, c’est le « faible vivier » de para athlètes français. D’autres pays sont cités en exemple, comme l’Australie, pour leur culture du handisport dès le plus jeune âge. Par contre, l’analyse s’arrête là… Pourquoi l’Australie a une culture du handisport plus développée ? Et pourquoi la France, qui accueille les prochaines Olympiades n’en a pas ?
Les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 ont été attribué à Paris en 2015. Les Jeux de 2012 ont été attribué à Londres (versus la candidature de Paris) en 2005. Ça laissait 20 ans, minima, pour la « construire », cette culture du handisport en France. D’autant que 2005, c’est aussi l’année où la France vote une loi prévoyant la pleine accessibilité et la pleine participation des personnes handicapées à la société. On attend toujours, mais je veux dire par là qu’il y avait au moins une volonté politique – d’apparence, qui aurait pu bénéficier au mouvement sportif, ou dont le mouvement sportif aurait pu s’emparer.
Surtout que le milieu sportif n’en est pas non plus à son coup d’essai :
Jeux Paralympiques à Tignes en 1992, Championnats du Monde de Para-Athlétisme à Lyon en 2013, Tournoi qualificatif paralympique en rugby fauteuil en 2016, Championnats d’Europe de rugby fauteuil à Paris en 2022… Pour ne citer que les événements qui me viennent immédiatement à l’esprit.
Alors quoi ?
Qui a cru, un jour, qu’une « culture du handisport dès le plus jeune âge » apparaissait par génération spontanée ?
A ma petite échelle, j’avais listé une partie (non exhaustive évidemment) des obstacles pour accéder vraiment à la pratique sportive en tant que personne handie. Et encore, il n’a jamais été, pour moi, question de haut niveau, où là on passe encore dans une autre dimension.
Une « culture du handisport », c’est avant tout un projet politique. Que l’on regarde la trajectoire de l’Ouzbékistan dans ces championnats du monde, la stratégie de la Grande Bretagne de définancer le rugby fauteuil (qui est pourtant extrêmement performant) au profit de disciplines plus riches en médailles potntielles (athlétisme et natation notamment), le financement des athlètes professionnels, de leur équipement, de leur infrastructure… La liste est très longues des actions, simples à mettre en œuvre ou plus complexes, coûteuses ou non, qu’il faudrait avoir eu envie de mettre en place, à court et à long terme, pour créer une « culture du handisport dès le plus jeune âge ».

A titre personnel, j’espère que les Jeux de Paris, Olympiques comme Paralympiques, seront les JO du Zbeul, que ce soit la pagaille partout, les manifestations partout, la grève, les pannes de métro, la canicule et autres catastrophes naturelles ou artificielles. Je suis déçu que personne ne m’ait nominé pour être un éventuel porteur de la flamme au titre de la société civile, ce qui aurait été une belle occasion de contribuer activement à l’extension du domaine du zbeul.
Donc je m’en moque, que la France fasse zéro médailles et finisse tout en bas des classements. Mais j’ai du mal à voir comment les gens (et là je ne parle pas des athlètes : mais plutôt de la dimension politique du sport en tant que soft power) pour qui cela à de l’importance n’aient pas mis en place, au fil des dernières années, des conditions matérielles effectives pour que peut être, effectivement, la France fasse autre chose que se ridiculiser aux Paralympiques ?
A suivre, même si je n’ai pas trop hâte.

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