Et finalement suer sur un vélo ?

On continue sur notre saga cyclable. Lors des épisodes précédents je vous avais raconté mon creusage de méninges au sujet des adaptations vélo qui pourraient me convenir, mais aussi ma prise de contact avec le corps médical, et mes premières expérimentations, grâce à de fidèles complices et avec la vélo-école locale.

Maintenant ça y est, il fait nuit tout le temps, les feuilles mortes glissantes laissent la place sur les trottoirs aux flocons de neige tout aussi glissants, je vous donne donc des nouvelles de mes aventures à vélo.

Lors de ma première leçon à la vélo-école (c’était en mai) j’avais pas mal d’appréhensions, et mon instructrice (M.) a sû à la fois bien me rassurer, et me mettre en confiance.
Note pour soi même : C’est bien, quand on a un besoin précis – ici, apprendre à faire du vélo – et qu’on est exigant ou qu’on a certaines problématiques bien spécifiques – ici, un handicap moteur – d’aller solliciter l’expertise de professionne.le.ls qualifié.e.s et compétent.e.s. Littéralement, ça change la donne. Prends en de la graine !

Bref, lors de cette première séance, on constate que contrairement à mes craintes initiales, en termes d’équilibre, je ne m’en sors pas si mal. La conclusion de la séance, c’est : « ce dont tu as besoin, c’est avant tout de pratiquer ». M. a probablement raison. Il n’empêche. Mes maigres compétences cyclables semblent impliquer que je ne sois pas un danger pour moi-même ni pour autrui (dans un espace sécurisé tel qu’un parc). C’est un bon point de départ, mais je ne me sens pas encore assez armé pour m’équiper et tout simplement pratiquer. Alors après quelques semaines, je rappelle M. pour prendre encore quelques heures de cours.

Pour la 2e leçon, on choisit la thématique démarrer / s’arrêter. Agrémentée de quelques exercices un peu plus complexes : Slalomer autour de cônes, emprunter des mini-pentes en montée et en descente, soulever une main du guidon pour quelques secondes…
Rien de trop critique, même si j’ai encore une sacrée marge de progression (ce qui est normal).
Par exemple, slalomer, pourquoi pas. Mais tout en pédalant, faudrait pas non plus exagérer. Quand à décrocher la main du guidon, ne compter pas trop sur moi, ni pour pédaler, ni pour garantir la rectitude de ma direction pendant ce temps là.

En termes de sensations, il y a beaucoup de nouveautés, beaucoup de choses différentes à gérer, et ça me rappelle l’état dans lequel j’étais quand j’apprenais la conduite automobile. La fatigue physique en plus ! Je sens effectivement la fatigue dans tout mon corps. A la fois nerveusement, avec toutes ces choses à faire, ces prises d’informations par multiples canaux, cette coordination entre les bras, les jambes, les yeux, et tout le reste… Mais aussi simplement la fatigue musculaire, surtout qu’on est en août et qu’il fait particulièrement chaud !

Avec mon descriptif de ce qui me cause le plus de difficultés lors de ces deux premières leçons, et si vous vous souvenez de ce que j’avais écrit précédemment au sujet du vélo, vous devez me voir venir : Avec M., on constate que ce qui me met en difficulté (et me pompe une énergie certaine !) c’est de beaucoup perdre les pédales. (Au sens propre). En fin du compte, un coup j’appuie sur le bord de la pédale, un coup je pousse avec le bout des orteils ou avec le talon, ou encore je rate purement et simplement la pédale, donnant à la place un coup de pied dans le vide. Évidemment, s’ensuivent ralentissements et déséquilibres, et surtout une attention constante à où sont positionnés mes pieds par rapport aux pédales. (Attention que je ne peux donc pas diriger ailleurs !) Déjà que je n’ai pas beaucoup d’endurance, si en plus mon pédalage est inefficace et insécurisant, on va pas aller loin…

ça sera donc l’ordre du jour de ma 3e leçon : M. ouvre son coffre aux trésors personnel, et ramène les différents types de pédales et cale-pieds qu’elle a en sa possession : des pédales plus larges, des pédales de VTT, des pédales avec des picots en métal qui font un peu office de crampons… Il y a clairement du mieux ! Là aussi, encore une belle marge de progression, mais ça veut dire qu’avec un peu d’adaptations, je pourrais peut être utiliser un vélo sans avoir la moitié de mon attention accaparée en permanence par les pédales.
En tout cas, j’étais suffisamment assuré (fake it until you make it) pour que nous quittions l’esplanade vide et bitumée où nous étions, et nous aventurions dans les allées du parc. Donc un peu plus de reliefs, une trajectoire un peu plus contrainte et surtout… d’autres usagers du parc ! (Quand je dis que la fatigue mentale contribue à la fatigue physique… Et qu’il est important d’avoir de l’attention disponible pour d’autres choses que ses propres sensations corporelles, par exemple pour ne pas renverser des enfants !)

Arrive la 4e, et dernière leçon – pour le moment. En utilisant de nouveau les « meilleures pédales disponibles » [dans le stock personnel de M.], nous avons travaillé spécifiquement cette histoire de décoller la main du guidon. Puis on l’a mise en application dans les allées du parc, avant de pousser jusqu’à une petite « excursion » sur une piste cyclable toute proche du parc. Une piste cyclable simple : toute droite et sans intersections, assez large, et pas trop fréquentée. (mais un peu quand même, et on est en conditions réelles).
Pour finir, M. me dit : « Pédaler, tu sais. Démarrer et t’arrêter, tu sais. Les virages, tu sais. Mettre le bras pour tourner, tu sais. Tu as toutes les bases, il ne manque plus que l’entraînement. » (Elle a raison).
De ce point de vue là, il y a une personne hyper chou qui m’a contacté sur Mastodon suite à un précédent article « vélo » et qui m’a donné de précieux conseils en « techniques de pédalage ».
ça me rappelle, une fois de plus, mon apprentissage de la conduite automobile. Oui, il faut choisir les bonnes adaptations techniques, mais il faut ensuite s’adapter soi : trouver la façon de faire qui permet d’être le plus efficace – ça passe souvent par plusieurs phases d’essai-erreur – et pratiquer patiemment. Car oui, ça sera peut-être plus long pour moi que pour d’autres de maîtriser pleinement tous ces apprentissages moteurs, mais en vrai on pensait aussi la même chose en 2009 la première fois que j’ai conduit une voiture. [Et c’est vrai que j’y ai passé un certain nombre d’heures – big up mes parents – mais que j’ai finalement décroché mon permis du premier coup].

Chemin faisant, septembre est arrivé. Avec la complicité de mon amie S., on se rend un dimanche à une bourse aux vélos (rien que pour l’expérience culturelle c’était drôle). Je repars sans avoir trouvé mon bonheur, mais naviguer entre tous ces biclous nous mène à un constat : Vu mes contraintes de taille, de hauteur de selle, et d’enjambement bas, j’ai le choix entre les vélos de ville taille enfants, et les vélos pliants.

On arrive en novembre. Le temps des feuilles glissantes sur la chaussée. Je n’ai pas eu de nouvelles de l’atelier d’auto-réparation (= des geeks du vélo) dont M. m’avait parlé pour qu’iels puissent me filer un coup de main dans l’adaptation de mon vélo. Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier.
Et puis, même si derrière je trifouille, avec ou sans assistance éclairée pour trouver les pédales qu’il me faut, pour cela j’ai besoin d’un vélo de toutes façons ?
Je pars donc à Décathlon avec mon amie S., stratégiquement avant l’invasion de la ville par des hordes de touristes l’ouverture du marché de Noël, pour pouvoir mettre sans stress le vélo dans le tram.

Et voilà, une étape supplémentaire de franchie.
Je continue en tout cas de lancer des perches de tous les côtés. Et on verra si la pêche est bonne…
* Avec ce couple de copains, qui ont une grande expérience et beaucoup de matériel. Là, c’est pas un coffre-fort personnel, c’est carrément un magasin privé de pédales. (Évidemment cette expression me fait beaucoup trop rire, parce que je visualise des personnes en full drag exposées en libre-service dans les rayons d’un magasin).
* Avec le contact d’une ancienne coach sportive, dont je connais les compétences professionnelles, pour voir si elle est prête à me suivre dans cette aventure, et partager ses idées et stratégies.
* Avec le contact d’une ergothérapeute libérale, puisque visiblement, c’était pas évident pour tout le monde (le bien mal nommé « Dr du Vélo » pour préserver son identité) que ça aurait pu être chouette de me faire accéder aux ressources et à l’expertise disponible dans un centre de rééducation.
(Mais ceci est une autre histoire ? Qui fera peut être l’objet d’un futur article à la gloire une fois de plus de l’institution médicale. #StayTuned).

J’espère donc que cette addition de gens d’expérience et de bonne volonté m’aideront à identifier les pédales, cale-pieds, ou autres accessoires, les stratégies de pédalage ou autres adaptations astucieuses qui me permettront (bientôt) de performer à vélo à mon meilleur niveau !
Et d’ici là… Je vais quand même attendre que la neige fonde, mais maintenant… j’ai un vélo !

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