Commencer d’essayer le vélo ?

Je vous écrivais l’année dernière mon intention de ré-essayer le vélo. Je pensais alors que ça serait « mon projet de la 2e moitié de l’année 2022 ». Les choses se sont déroulées bien différemment. Mais on est là, début 2023. Le projet n’a pas encore abouti, mais il a continué de mûrir.
Sur les conseils de ma généraliste, je suis allé rencontrer un médecin du centre régional de rééducation, qui avait déjà travaillé à des adaptations cycles pour d’autres personnes. (Comme quoi : ça m’arrive d’aller voir des professionnels de santé pour leur demander leur avis, ne soyons pas mauvaise langue).

Ma demande est déjà bien précise, et j’ai fait une analyse plutôt fine des possibilités et obstacles.
Objectifs : Un véhicule cyclable a propulsion humaine, pour effectuer principalement des trajets du quotidien, en ville. Par exemple, mon trajet domicile-travail.
Obstacles : bien que ma dernière tentative à vélo remonte à 2012, j’avais identifié deux difficultés majeures : la gestion de l’équilibre, tout particulièrement pour le démarrage et l’arrêt, et plus largement à basse vitesse. Et la question de « perdre les pédales ».
Les pistes que j’ai identifiées :
– Un vélo « classique » agrémenté d’adaptations maison, je pense par exemple à un ou deux cale-pieds, et/ou à des roues stabilisatrices taille adulte.
– Une extension pour transformer mon fauteuil roulant en handbike, avec un pédalier à main.
J’avais plutôt éliminé les tricycles « taille adulte », pour des raisons déjà précisées dans mon tout premier article qui parlait de vélo.

Le rendez vous médical est donc arrivé. On discute un peu, j’explique mon projet. Je demande d’entrée de jeu ce qu’il y a comme matériel disponible au niveau du centre de rééducation : des tricycles. Et c’est tout.
Morale de l’histoire : il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
(Les esprits moqueurs diront que me voilà conforté dans l’idée que le corps médical n’a pas grand-chose a m’apporter. C’est exact. Mais j’en retire tout de même quelque chose. J’ai eu cette occasion pas si fréquente de rencontrer ce docteur en consultation dans un contexte pratiquement « non médical », c’était fort agréable, et si demain je décide d’aller le voir pour « un truc réellement médical » le rapport de pouvoir entre nous restera pour toujours coloré par cette rencontre initiale. Donc je mets cet atout dans ma manche, en attendant de voir ce que l’avenir me réserve).

Alors, cette rencontre, était-ce un coup d’épée dans l’eau ? Un peu. Pas tout à fait.
Lors de nos discussions, il évoque les « vélos / tricycles couchés », selon lui, quand même moins éléphantesques que les tricycles adultes classiques. Il m’encourage également à retenter le coup avec un vélo classique, pour voir si en une décennie, ma situation ou mes perceptions ont évolué.

Ces derniers jours, j’ai donc (théoriquement) exploré puis éliminé l’hypothèse du trike couché. Ce n’est pas spécialement moins lourd qu’un tricycle « pour personnes handicapées ». Ces deux types de vélo présentent les mêmes problèmes pour le stockage, le stationnement. La principale différence, c’est que tu fais partie de la petite communauté des geeks du vélo, plutôt que de celle des cyclistes handis.
Côté rareté et disponibilité, c’est pratiquement impossible à essayer en conditions réelles sans parcourir des centaines de kilomètres : sur ce point là, il est quand même plus facile d’essayer un tricycle handi. (Et je ne pensais pas écrire cette phrase un jour).
Et pour finir, vu la rareté de l’objet, on est sur une gamme tarifaire tout à fait similaire aux extensions handbike, voir même plus cher que les tricyles d’entrée de gamme, donc autour des 4000-5000 euros. (Personnellement, mon critère numéro 1 n’est pas le prix, c’est l’utilisabilité : mais je pense que ça ne fait jamais de mal de rappeler aux lecteur.ices encore innocent.e.s la réalité matérielle des freins qui se dressent entre les personnes handies et la pratique sportive : les kilomètres, les compétences, et les finances).
En résumé, cette hypothèse du tricycle couché semble présenter par rapport à mon besoin les mêmes défauts que le tricycle classique.

Il me reste pour le moment deux hypothèses, celles que j’avais avant ce rendez vous :
– L’extension qui permet de transformer un fauteuil roulant en handbike. Pour le moment, c’est mon plan B, mais j’ai assez confiance pour que « ça fonctionne ». C’est un produit destiné aux utilisateurs de fauteuils roulants actifs, je suis un utilisateur de fauteuil roulant actif, je suis dans la cible. Il reste bien sûr quelques questions à voir concernant les réglages, le stockage, etc. Mais en gros, c’est la seule option dans laquelle je sois prêt à me lancer sans un essayage prolongé avant, sur différents trajets et dans différentes configurations. (Sans compter que c’est sans doute possible d’essayer ce type de matériel chez un revendeur de matériel médical).
Ma crainte, qui est peut être une idée fausse, c’est que j’ai peur de plafonner au niveau des vitesses atteintes.

Et le plan A alors ?
C’est depuis le début un vélo classique, modifié. Pour des raisons de coût, de disponibilité, de réparations, de stockage, etc. La question, c’est toujours : quelles modifications ? Et comment pouvoir essayer / régler ces modifications, sans avoir à (s’)investir dans un équipement tant qu’on n’est pas sûr que ça marche ?
C’est cette incertitude, aussi, surtout, qui fait que je vous répète à longueur de temps le coût des matériels évoqués. 4000 euros, c’est le prix d’une voiture d’occasion. Qui achète une voiture d’occasion sans avoir jamais conduit, sans avoir obtenu son permis de conduire, sans même être sûr.e d’être apte à la conduite automobile ? J’en suis là cyclablement parlant, et pas « d’école de conduite » à l’horizon. Car au dela de l’aspect financier, tu fais quoi d’un vélo adapté neuf non utilisé/utilisable et/ou d’accessoires ? En termes de place, de marché de l’occasion, de charge mentale…
Sachant que je ne suis pas un geek du vélo. (Ni même un bricoleur). Je suis allé m’informer sur les sites/forums de vélo couché. Ils sont remplis de gens qui fabriquent ou customisent eux même leurs vélos et accessoires. Ils traversent l’Europe (parfois même a vélo…) pour se rendre à des salons dédiés aux vélos spéciaux. (C’est gens là existent aussi pour le cyclisme plus classique).
Moi, j’aurais juste envie d’un moyen de transport. Si je pouvais simplement enfourcher un vélo en libre service sans me poser de questions (privilège valide par excellence que j’envie depuis toujours) ça fait 10 ans que ça serait plié. Je m’intéresse un minimum à la technique par nécessité, et non par passion.
Et je suis en train de pondre un article de 2000 mots pour vous expliquer à quel point ça ne m’intéresse pas ? A d’autres ! C’est juste que ce qui m’intéresse de documenter, ce sont les freins à la pratique (pour le moment), et ce que circuler à vélo fait à mon corps, mon autonomie, mes perceptions de l’espace public (pour bientôt, j’espère). Ça m’intéresse plus de pointer qu’il n’existe pas, ou si peu, de cadre pour permettre de faire divers réglages et essayages aux gens comme moi, que de dire que de dire que j’utilise un cale-pied de la marque bidule et réglé selon l’angle machin.

Le centre régional de rééducation n’avait pas un showroom à me présenter (je misais un peu la dessus, j’avoue), ma recherche continue donc, sur deux axes en parallèle :

Objectif numéro 1 : Découvrir tout ce qui existe comme adaptations (a défaut de tout : l’éventail le plus large possible, pour sortir de mon actuel plan A / Plan B un peu trop binaire). En tout cas, pouvoir imaginer plus grand que les petites idées que j’ai pu récolter jusqu’à présent. Il y a pour cela le site «  A chacun son vélo » et les personnes qui ont mise en place le projet. Ils ont notamment publié un guide. Le nom du projet c’est « sensibilisation et accompagnement à la mobilité en vélos adaptés ». C’est exactement de cette expertise dont j’ai besoin. Ils sont localisés à Lyon et le projet s’est terminé en 2021, mais ne croyez pas que ça va m’empêcher de me rapprocher d’eux.
Objectif numéro 2 : Essayer le plus grand nombre de ces adaptations. C’est là où justement, j’espère un peu que cette rencontre avec le médecin du pôle de réadaptation ne sera pas un coup d’épée dans l’eau. Ils n’ont pas encore de showroom ? C’est qu’il est temps de s’équiper. S’ils n’ont que des tricycles, ne serait-ils pas temps d’élargir un peu les outils et adaptations à proposer à leurs patients ? Allez, juste à les convaincre d’acquérir une paire de roues stabilisatrices taille adulte. Qui sont en plus modulables d’un vélo à l’autre. Très polyvalentes. Ça me parait réaliste. Y a sans doutes plein de patients à qui ça peut être utile. Ou des cale-pieds divers et variés. Ou même un trike couché. Je ne serai pas difficile, mais faites quand même un effort.

Imaginons : ils s’équipent, ça me permet de faire des tests, et à mon tour, de m’équiper si les aménagements identifiés fonctionnent. Ou de partir sur un handbike, avec la certitude que ce soit la meilleure solution.

Bref, mes attentes locales ont été un peu déçues pour le moment (mais je leur laisse quand même des chances de m’être utile plus tard). J’ai envoyé des mails enthousiastes aux Pays Bas et à Lyon.
La réponse est arrivé du Pays Bas, ça ne sera pas si facile de faire des essayages, et j’attends toujours de recevoir la fiche technique des roues.
Du côté de Lyon, où mes attentes sont les plus élevées, j’attends encore. On verra ce qu’il en sort.
J’ai demandé à une copine d’être mon chaperon pour refaire des essais avec son vélo classique. On doit juste coordonner nos agendas.
Ça n’avance pas aussi vite que ça aurait pu cette affaire, mais je n’ai pas dit mon dernier mot (c’est-à-dire que je n’ai pas encore parlé allemand).

Let’s go !

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